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Fourbure chez le cheval : causes, symptômes et connaissances scientifiques

Causes, symptômes et connaissances scientifiques

La fourbure, est une affection grave et douloureuse affectant les sabots des chevaux. Elle résulte d’une inflammation des lamelles du sabot, les structures responsables de la liaison entre la phalange distale et la paroi du sabot. Cette maladie peut non seulement compromettre sérieusement la capacité d’un cheval à se déplacer, mais aussi entraîner des dommages permanents qui, dans les cas extrêmes, peuvent nécessiter une euthanasie.
Dans cet article, nous examinons les causes, les symptômes et les traitements de la fourbure, en nous appuyant sur des connaissances scientifiques, afin d’aider les propriétaires de chevaux à protéger leurs animaux contre cette maladie grave.

Causes de fourbure

Plusieurs causes peuvent contribuer au développement de la fourbure. Ci-dessous, nous discutons des facteurs les plus courants.

  1. Fourbure alimentaire
    L’une des principales causes de fourbure est l’alimentation, notamment la consommation excessive de sucres et de féculents. Lorsqu’un cheval ingère trop de sucres (fructanes), par exemple en mangeant beaucoup d’herbes jeunes et riches en sucres ou trop de concentrés traditionnels, cela peut entraîner un dérèglement de la flore intestinale. Cela permet aux bactéries nocives de se multiplier, libérant des toxines qui pénètrent dans la circulation sanguine et provoquent une réponse inflammatoire des sabots.

Base scientifique :
Une étude de Pollitt (1999) a montré qu’un excès de glucides rapidement fermentescibles dans l’alimentation, tels que les féculents et les sucres, peut directement conduire au développement d’une fourbure. La recherche a révélé que les chevaux nourris avec une alimentation riche en fructane (un type de sucre que l’on trouve couramment dans l’herbe) étaient beaucoup plus sensibles à la fourbure. La perturbation de l’équilibre microbien dans les intestins par ces glucides est considérée comme un facteur important dans le développement de la maladie.

Source : Pollitt, CC (1999). « Fourbure équine : son développement coïncide avec une augmentation du flux sanguin sous-lamellaire. » Journal vétérinaire équin, 31(2), 125-132.

  1. Maladies endocriniennes : Résistance à l’insuline, EMS ou PPID (maladie de Cushing)
    Les chevaux atteints d’un trouble endocrinien, tel que le syndrome métabolique équin (EMS) ou la résistance à l’insuline ou PPID, présentent un risque accru de fourbure. Ces conditions entraînent une altération de la réponse insulinique, ce qui signifie que le glucose ne peut pas être traité efficacement dans l’organisme. Des niveaux élevés d’insuline peuvent à leur tour provoquer une fourbure. Les poneys et les chevaux sujets au surpoids sont particulièrement exposés au risque d’EMS, directement lié au développement de la fourbure.

Base scientifique :
Une étude d’Asplin et al. (2007) a montré que la résistance à l’insuline est un facteur de risque important pour le développement de la fourbure. L’étude a conclu que les chevaux présentant des taux d’insuline élevés étaient beaucoup plus susceptibles de développer une fourbure, même s’ils n’avaient pas une alimentation riche en sucres ou en amidons. La recherche soutient l’idée selon laquelle les troubles endocriniens peuvent provoquer une fourbure indépendamment de l’alimentation.

Source : Asplin, KE, Sillence, MN, Pollitt, CC et McGowan, CM (2007). “Induction de fourbure par hyperinsulinémie prolongée chez des poneys cliniquement normaux.” Journal vétérinaire, 174(3), 530-535.

  1. Surpoids et manque d’exercice
    Le surpoids présente un risque important de développement de fourbure, notamment chez les poneys et les chevaux prédisposés à stocker de la graisse dans l’encolure ou à la base de la queue. Ces dépôts graisseux supplémentaires peuvent provoquer des changements hormonaux qui aggravent la résistance à l’insuline. De plus, le manque d’exercice garantit que les calories excédentaires ne sont pas brûlées, ce qui peut contribuer à l’obésité et donc à la fourbure.

Base scientifique :
Les recherches menées par Carter et al. (2010) ont montré que les chevaux en surpoids ayant une liberté de mouvement limitée présentent un risque accru de résistance à l’insuline et de fourbure. L’étude a également révélé qu’un exercice régulier, même modéré, peut améliorer la sensibilité à l’insuline chez les chevaux et donc réduire le risque de fourbure.

Source : Carter, RA, Treiber, KH, Geor, RJ, Douglass, L. et Harris, PA (2010). “Prédiction de la susceptibilité à la fourbure chez les poneys en utilisant les concentrations plasmatiques d’insuline et de leptine.” Journal vétérinaire équin, 42(2), 118-123.

Symptômes de fourbure

Reconnaître les premiers symptômes de la fourbure est essentiel pour permettre un traitement rapide et efficace. Voici quelques symptômes courants :

  • Boiterie : Les chevaux atteints de fourbure peuvent avoir des difficultés à marcher normalement et peuvent déplacer leur poids vers leurs pattes arrière pour réduire la pression sur les pattes avant.
  • Chaleur dans les sabots : Une augmentation de la température dans les sabots peut indiquer une inflammation.
  • Augmentation de la fréquence cardiaque dans l’artère du sabot : cela peut indiquer une perturbation de l’apport sanguin au sabot.
  • Réticence à bouger : Dans les cas graves, les chevaux peuvent refuser de bouger en raison de la douleur intense.

Un diagnostic et un traitement rapides sont essentiels pour éviter d’autres dommages aux structures du sabot.

Traitement et prévention

Le traitement de la fourbure consiste généralement à soulager la douleur, à réduire l’inflammation et à s’attaquer à la cause sous-jacente. Voici quelques méthodes de traitement :

  1. Modification du régime alimentaire : Il est crucial de limiter la consommation de sucre et d’amidon, en particulier chez les chevaux présentant une résistance à l’insuline ou un EMS. Les aliments riches en fibres et sans sucre devraient constituer la base de l’alimentation.
  1. Exercice et contrôle du poids : Pour les chevaux en surpoids, il est important d’améliorer leur condition physique grâce à l’exercice et à une alimentation contrôlée. Un exercice régulier et doux peut également contribuer à améliorer la sensibilité à l’insuline et à réduire le risque de fourbure.
  1. Médicaments : pour les troubles endocriniens, des médicaments tels que la metformine peuvent être prescrits pour améliorer la sensibilité à l’insuline. De plus, les médicaments anti-inflammatoires peuvent aider à soulager la douleur et l’inflammation du sabot. Le pergolide est souvent prescrit pour le PPID.
  1. Soins du sabot : Des parages corrects et réguliers sont essentiels pour maintenir le sabot en bonne santé et réduire la pression sur la paroi du sabot. Dans les cas graves, il peut être nécessaire d’utiliser des sabots spéciaux pour soutenir l’os du sabot.

Conclusion

La fourbure est une affection complexe qui peut être causée par plusieurs facteurs, notamment l’alimentation, les troubles hormonaux et l’obésité. Les recherches scientifiques ont montré qu’il est important de surveiller de près l’alimentation des chevaux, notamment en ce qui concerne l’apport en sucres et en amidons. De plus, des facteurs hormonaux, comme la résistance à l’insuline, jouent un rôle majeur dans le développement de la fourbure.

En identifiant tôt les symptômes et en prenant des mesures préventives appropriées, telles que le contrôle du poids, la gestion de l’alimentation et l’exercice régulier, les propriétaires de chevaux peuvent réduire considérablement le risque de fourbure et améliorer la santé de leur cheval.

2 réflexions sur “Fourbure chez le cheval : causes, symptômes et connaissances scientifiques”

  1. Bonjour ma jument a fait trois grosse crises de fourbure et la dernière bascule de phalanges.Elle était en surpoids maintenant je l’ai sauvé foin trempé plusieurs heures pour enlever les sucres et de temps en tant un peu de foin sec .
    Par contre est ce que l’herbe est définitivement a bannir comme on me le conseil ou pas ?

    1. Quelle question juste et bienvenue. Il n’est pas exclu que ces chevaux puissent à nouveau manger de l’herbe un jour. Dans le troupeau FLO FEA, il y a un poney comme cela, qui peut maintenant parfaitement manger de l’herbe parce que sa digestion est désormais optimale.

      Ces recommandations peuvent aider à gérer efficacement le risque tout en permettant au cheval de profiter de l’herbe de manière sécurisée:

      1. Les chevaux ayant déjà été atteints de fourbure doivent manger de l’herbe avec précaution, surtout au printemps.
      2. L’herbe jeune est souvent riche en sucres, ce qui peut déclencher une récidive de la fourbure.
      3. Il est préférable de laisser ces chevaux brouter tôt le matin, lorsque la teneur en sucres de l’herbe est plus basse.
      4.Évitez de les laisser paître après une journée ensoleillée, car les niveaux de fructanes augmentent dans l’herbe.
      5. Le gazon court n’est pas recommandé, car il contient généralement une concentration plus élevée de fructanes, ce qui augmente le risque de fourbure.
      6. Les prairies pauvres, avec peu d’herbes grasses, sont plus adaptées aux chevaux sujets à la fourbure.
      7. Un contrôle strict du temps passé au pâturage est essentiel pour éviter une surcharge de glucides.
      8. L’utilisation d’un masque ou d’une muselière de pâturage peut limiter la quantité d’herbe consommée.
      9. La surveillance régulière de la condition physique et des pieds du cheval est cruciale.
      10. Les chevaux sensibles doivent bénéficier d’un régime alimentaire équilibré et adapté à leur état.
      11. Consultez toujours un vétérinaire ou un nutritionniste équin avant de modifier leur accès à l’herbe.

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